Le Cid

Dimanche après-midi je suis au théâtre. Le Cid de Corneille dans une mise en scène de Yves Beaunesne. Je ne me souviens pas du nombre de représentations auxquelles j’ai déjà assisté, mais les tirades entières qui me reviennent me laissent penser que les premières datent sans doute du collège et des cours de Français. De celles apprises par cœur, à celles écoutées avec soin quelques dizaines d’années plus tard, mon plaisir est intact. Au-delà des belles lettres et de Titus à Rodrigue, ces tragédies nous alertent sur les limites des valeurs essentielles que l’on aimerait pourtant enseigner à nos enfants. Quelle belle valeur que l’honneur quand elle donne la force à Jean Moulin de résister au pire, quelle étrange sentiment quand il nourrit la vengeance sans fin et rend les arbitrages impossibles. Faire disparaitre cet enseignement du programme des collèges reste une décision incompréhensible et injuste.
Espérons maintenant que l’histoire révèle un jour des tragédiens contemporains qui écriront à la gloire des accords de Camp David et de ceux qui auront su apaiser ce monde où s’accumulent de dangereuses rancœurs. Des écrivains pour dire peut-être que le pardon n’est pas toujours déshonorant.