Une autre idée du bonheur

Je repose « Une autre idée du bonheur » de Marc Levy, les yeux embrumés par le brouillard du Wisconsin où s’achève le roman. Je referme en effet le livre à l’apogée de l’émotion que l’auteur a pris soin de construire durant quatre cents pages.
J’avais attrapé ce livre à l’aéroport, dans l’anticipation d’un retard d’avion. Au fond n’est-ce pas la vocation de ces ouvrages de tête de gondole, que de fabriquer de l’émotion ? Pourtant, une fois dépassé ce sentiment primaire, c’est aussi une lecture qui nous rappelle ce qu’était le monde des années soixante et en particulier les Etats Unis d’Amérique.
Elle raconte la vraie horreur du racisme ordinaire vis-à-vis d’Afro-Américains qui eux, ne cherchaient pourtant qu’à s’intégrer. Elle dit aussi ce qu’était l’engagement d’une jeunesse idéaliste, qui n’avait pas peur de mourir pour de belles idées, fussent elles utopiques face aux lobbies de l’industrie militaire ! Qu’est devenu le courage politique de la jeunesse Américaine, face aux choix de la famille Bush, ou aux écoutes improbables de la NSA ?
Peut-être nos enfants, liront ils à leur tour dans quelques dizaines d’années, des romans qui leur raconteront comment, cette grande démocratie mégalomane n’a finalement pas résisté au reste d’un monde qu’elle n’a pas su comprendre.