L’origine de nos amours

Je vole quelques dizaines de minutes à un début de matinée initialement prévu studieux, pour finir ma lecture. J’ai commencé « L’origine de nos amours » dans le train la veille et la nuit qui a suivi mon retour tardif a conservé intact mon désir de terminer cette conversation entre le père et son fils. J’aime l’écriture de Erik Orsenna. Les phrases courtes. Les mots simples et choisis qui nous emmènent en douceur dans la profondeur des sentiments qu’ils expriment.
Faut-il croire à l’existence d’une génétique de l’amour et à son caractère héréditaire ? Nos histoires d’amour ne sont-elles que la conséquence fatale de celles de nos ancêtres et de circonstances particulières ?
Le père en tout cas l’aura vécu comme une malédiction dont il cherche à protéger son fils. Dans cette mise en perspective du temps, s’installe alors un vrai dialogue entre le père et le fils, dont l’essentiel est néanmoins fondé sur le mensonge. Je suis tantôt l’un et tantôt l’autre, dans chacun des lieux qui sont mon quotidien, alternativement dans le souvenir d’avoir été le fils de mon père et dans la réalité de ma relation avec mes trois garçons.
Je ressens un vrai bonheur à projeter dans ma propre vie une relation devenue adulte avec mes enfants. La mort précoce de mon père m’en a sans doute volé l’essentiel. J’espère que la vie sera plus généreuse avec ma descendance, mais qu’à aucun moment je ne leur donnerai l’impression d’instrumentaliser leur vie pour « réparer » la mienne.