Avant toi

Je me rappelle de ce sujet de philo en terminal : « doit-on dire j’ai un corps, ou je suis mon corps ? ». En fermant la dernière page de « Avant Toi », les yeux noyés de larmes, cette interrogation me revient. Près de quarante ans après, je n’ai pas le souvenir du contenu de ma dissertation. Peut-être m’aurait-il mieux préparé au choc de cette lecture. Je suis bouleversé par la densité des émotions qui jalonnent ce récit. Jusqu’aux dernières pages on voudrait croire au triomphe de l’amour contre l’injustice, contre l’apparence, contre la douleur, contre la mort … Pourtant quelque chose dans la subtilité de l’écriture nous fait comprendre pages après pages, que ces combats sont plus complexes et moins manichéens qu’il n’y parait.
Je crois que l’issue du récit n’est pas l’enjeu de cette histoire. L’enjeu, c’est ce que dit la construction de son contenu. C’est l’alchimique de l’amour qui transforme peu à peu les personnages de ce récit chronométré vers ce qu’ils sont de meilleur. Au final, c’est l’émotion du triomphe de leur victoire sur eux-mêmes, qui a rougi mes yeux. Elle m’habitera longtemps encore.