Le Roi René

Il y a des biographies que l’on prendrait volontiers pour des romans. Celle de René Urtreger est tellement improbable, que l’on a du mal à croire que c’est la vraie histoire de cet immense pianiste de jazz bop et de ces contemporains les plus célèbres. En tournant les pages de « Le Roi René », je pense à ma lecture de « Charlotte » et au trouble que la cohabitation du meilleur et du pire avait fait naître en moi. Je crois que l’amplitude de l’histoire de ce juif ashkénaze d’origine Polonaise est plus intense encore.
Sa lecture me ramène à cette perspective de la bipolarité de chacun, qui fait de la détresse le tribut du sublime (et du travail). Comme si l’amplitude de la courbe du talent n’existait qu’au prix de son exact symétrique dans l’univers de la déchéance physique et psychologique. C’est une pensée dérangeante quand on sait qu’au premier rang du pire dans cette histoire aussi, figure celle de la Shoa. Quand s’y superpose l’ambiance particulière du milieu jazz professionnel d’après-guerre, on se demande si ces garçons et ces filles de 20 ans avaient la moindre chance d’y survivre sans leur égarement dans les limbes des drogues dures. Il faut absolument voir « Ray », « Bird », « Whiplash », lire le « Roi René » comme autant de témoignages sociologiques et civilisationnels de notre histoire proche. Je sais déjà à qui je vais offrir ce livre qu’un cousin musicien m’a recommandé. Merci Eric.

2 réflexions sur « Le Roi René »

  1. Merci François. Ton commentaire fait penser aussi un peu à la vie de Gainsbourg, dans un genre artistique un peu différent.

    • Leur rencontre est évoquée dans le livre. Ils se sont effectivement sentis assez proche l’un de l’autre!

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