Les faits divers ont toujours un caractère extraordinaire. Alors depuis nos vies ordinaires, ils nous apparaissent souvent lointains, presque désincarnés, comme s’ils n’étaient que la théâtralisation médiatique d’un scénario tragique. Et puis un jour, cette histoire pourtant si improbable dans son lointain récit est là, devant toi. Les gens qui meurent, ce couple, tu le connais, tu es lié à eux par une histoire, par des souvenirs par un lien de Fraternité. Cette fois, la tragédie est là, elle te prend à la gorge, au ventre, elle te bouleverse. Elle te rappelle cruellement que l’improbable existe néanmoins et que l’on peut mourir dans une avalanche lors d’une randonnée en raquettes.
« Maman, c’était il y a quelques jours, vous êtes sortis, la maison est encore remplie de ton parfum … » dit une jolie toute jeune fille en regardant les deux cercueils placés devant elle. Les larmes envahissent le funérarium. Je ne retiens pas les miennes. « Amor Fati » dira un frère bouleversé en citant Marc Aurèl. Je veux croire avec lui que les épreuves que nous impose le destin nous rendent toujours plus fort.
Il fait nuit, je roule plusieurs heures sous la pluie les yeux gonflés d’émotion et de fatigue. Je cherche les raisons de trouver la mort moins cruelle. Assumer sa mortalité c’est essayer je crois, de ne jamais rien pouvoir regretter de ce que l’on fait de sa vie. C’est prendre soin des belles histoires qu’elle nous offre. C’est ce qu’ils ont fait et c’est sans doute le plus beau cadeau qu’ils laissent à leurs enfants et à leurs familles.