Mademoiselle Julie

Derrière moi, un monsieur se lève et lance des bravos qui traversent la salle avec force. Devant une dame lui fait écho. Je reste dubitatif. Le rideau vient de s’abaisser sur « Mademoiselle Julie », un texte écrit en 1889 par August Stringberg, aujourd’hui mis en scène par Julie Brochen.
La tragédie est un genre qui ne laisse certes jamais indifférent. Dans cette pièce interdite à sa sortie en Suède, on est en pleine transgression des devoirs et des rangs respectifs des valets et des aristocrates. J’essaie de m’installer dans une ambiance cornélienne où l’un et l’autre devront choisir entre leur appartenance sociale et la promesse d’une histoire d’amour. Pas si simple. Le valet se révèle pervers manipulateur et la fille du conte si ce n’est schizophrène, au minimum profondément déprimée.
Dans cette pièce pourtant décrite comme un chef d’œuvre, je me sens dans une histoire entre deux psychotiques qui ont perdu la vision de la frontière entre imaginaire et réel. La mise en scène fait de Julie un pantin désarticulé, dont l’attitude corporelle évoque d’avantage l’éthylisme que la folie.
J’en reste à un message essentiel. On est jamais ni sa classe, ni son rang, ni aujourd’hui ces études ou ses diplômes. C’est ce que réalise Julie en entendant son valet lui parler dans une langue étrangère, lui faire des déclarations dans un langage soutenu ou encore faire référence aux auteurs. Alors toujours aujourd’hui, méfions nous de nos a priori et découvrons nos semblables pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils représentent.

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