Madame Pylinska

Quel plaisir récréatif que la lecture de cette autofiction où Eric Emmanuel Schmitt apprend à jouer Chopin. On m’a offert « Madame Pylinska et le secret de Chopin« , je le consomme comme une friandise.
Non Madame Pylinska n’est pas la caricature d’un professeur de musique dont le comportement original distrait la bourgeoisie Parisienne. Madame Pylinska est seulement l’artefact désinhibé d’une musicienne habitée par le sens du sensible. Elle est de ces musiciens qui ressentent la musique comme l’on peut avoir froid, chaud ou peur; comme une émotion qui se produit dans un circuit court de son cerveau.
Comment effacer la distance entre la technique et l’émotion? C’est bien la question principale de toutes démarches artistiques, de celles qui cherchent à gommer le verbe pour exposer le principe. Si tel est le talent, Madame Pylinska nous rappelle qu' »il n’est pas fait pour amener les gens à soi, mais pour les emmener ailleurs ». Merci Clément pour ce cadeau.

L’Elixir d’amour

C’était un matin. L’un de ceux de la trêve des confiseurs, qui offrent aux esprits insomniaques le plaisir d’un vagabondage. Le mien s’interrogeait sur l’existence d’un déterminisme amoureux jusqu’à ce que le réveil d’une maison familiale le fasse sortir de sa rêverie.
J’y suis pourtant ramené quelques jours plus tard, en parcourant par hasard la table des nouveautés d’une librairie Parisienne. « L’Elixir d’amour », de Eric Emmanuel Schmitt tombe sous mes yeux et me ramène à cette interrogation. Je l’achète et le réserve pour un voyage en train du lendemain.
Je pousse chaque page de cette conversation amoureuse, comme l’on tourne la tête machinalement pour regarder une balle s’échanger de chaque côté d’un filet. Les mails se répondent par-dessus l’océan. Le jeu est de qualité. Les effets cachés dans les messages de l’un et de l’autre ne se révèlent souvent qu’à la fin de l’échange, jusqu’au dénouement ultime qui s’esquisse peu à peu.
Tout au long des quelques pages de ce petit cahier, Eric Emmanuel Schmitt offre son talent d’écrivain à ces deux personnages. Mais les clés de cette mathématique au service de l’alchimie des sentiments, ne me priveront sans doute pas du plaisir d’un nouveau vagabondage, ni de celui de cette écriture la.

L’Enfant de Noé

J’aime lire Éric Emmanuel Schmitt. Madita le sait. Elle m’offre « L’Enfant de Noé ». Je le lis au Portugal. Dès les premières pages, j’ai l’espoir que l’horreur de la Shoa sera moins cruelle dans les yeux remplis de naïveté et de tendresse de cet enfant de huit ans. Finalement je crois que c’est pire. Comment peut-on comprendre ce qui est si évidement incompréhensible à ce jeune esprit que la vie n’a pas encore pervertie? Apprendre à mentir, à se cacher, à cacher une vérité dont on se sait jamais ce qu’elle porte de mal, mais dont on doit se convaincre à chaque instant de la dangerosité sans jamais en comprendre les raisons.
Un prêtre qui s’applique à être juif, un enfant juif qui voudrait être catholique. Dans cette forme de neutralité religieuse se crée une belle rencontre entre un adulte et un enfant. Elle dit le sens de l’humanisme et de la bienveillance dans les relations entre les Hommes, pour lesquels cette période de notre histoire n’aura pourtant eu que peu de considération.
Merci Madi, c’était une belle lecture.

La Femme au miroir

Dès la fin du troisième chapitre, je savais qu’il me faudrait quatre cents pages supplémentaires pour apaiser ma curiosité. Je lis « La femme au miroir« . C’est aussi un cadeau d’une amie. Je le termine sur une plage de la méditerranée encore humide du déluge orageux du matin.
A chaque page, mon impatience me pousse à savoir ce qui lie les histoires de ces trois femmes, pourtant décrites en parallèle. Je suis finalement contraint par la densité de l’écriture. Je me laisse porter. La patience me gagne en même temps que le soleil revenu sèche la plage.
Trois femmes, chacune dans leur époque, vont aller au bout d’un destin qui s’impose immuablement à elles. Par des cheminements différents ou cohabitent psychotropes, psychanalyse et lumières de la gnose, elles se retrouvent dans une continuité qui dit le sens essentiel d’un destin divin.
Sommes nous habités par ce type de destin? En avons-nous hérité d’une lignée ancestrale cachée dans nos vies ordinaires? Ce sont assurément les questions que je me posais en refermant ce livre. Le livre du philosophe Eric Emmanuel Schmitt.

Les perroquets de la place Arezzo

« Les perroquets de la place d’Arezzo » d’Eric Emmanuel Schmitt. Une amie me l’offre pour mon anniversaire. Le livre m’attend quelques mois dans ma bibliothèque, jusqu’aux longs weekends de ce mois de mai.
Au bout de quelques dizaines de pages, je comprends que les sept cents prochaines ne serviront pas à dénouer l’hypothèse d’une énigme fondée sur l’envoi de lettres anonymes. En fait c’est un livre d’amour, d’histoires d’amour des différents amours. Dans un décor de vie ordinaire, elles en disent toute la complexité. Un ensemble de tableaux du genre humain se dessinent sous nos yeux d’où se dégagent des sentiments forts, toujours sincères, parfois complexes.
Comme souvent, l’universalité de ces sentiments nous renvoie à notre propre histoire. Serions nous capables de vivre sans cette quête permanente? Pour l’ensemble des personnages, chacun dans son propre parcours, la réponse est sans ambiguïté.

Les dix enfants que Madame Ming n’a jamais eus

Dans aller-retour à Londres il y a retour. « Concerto à la mémoire d’un ange » à l’aller, et « Les dix enfants que madame Ming n’a jamais eus » au retour. C’était définitivement un voyage Eric-Emmanuel Schmitt. Si l’aller m’a laissé dans le doute, je savais avec certitude de retour à la gare du nord, que la vérité m’est préférable au fantasme de l’incertitude. C’était définitivement un bon voyage. Bientôt les US j’espère et quelques précieuses heures de lecture en perspective.

Concerto à la mémoire d’un ange

Aller-retour à Londres en début de semaine. Et voilà que s’offrent à moi les quelques heures de solitude nécessaires à la lecture des quatre petites nouvelles d’Eric-Emmanuel Schmitt : « Concerto à la mémoire d’un ange ». « Oscar et la dame rose » m’avait ému aux larmes cet été, et me voilà plongé dans l’excitation de la découverte. Londres, Gare de St Pancras et une question en tête : sommes nous maître de nous-même face à notre destin? J’ai adoré ce voyage.