Montedidio

Je ne connais pas les auteurs Italiens. Marine m’offre « Montedidio » de Erri De Luca. Je le lis rapidement. J’y prends du plaisir. Je suis emporté page après page, par la description stroboscopique de la vie de ce petit garçon.
C’est un tableau qui se construit doucement et dépeint ce qu’était la vie du prolétariat Napolitain d’après-guerre. C’est une belle écriture. C’est étrange, j’ai l’impression que l’auteur ne fait que prêter sa plume à des personnages en manque d’éducation, pour qu’ils puissent partager avec nous l’ordinaire beauté de leurs émotions. L’amour instinctif entre ces deux adolescents grandis trop vite, fait rentrer une belle lumière dans ce tableau de bord de mer, d’une vie pourtant bien sombre.
Mais n’avoir que l’instinct, pour jouir du bonheur du partage de l’amour est-il suffisant ? J’aurais voulu pour eux, qu’ils eussent possédé plus de mots, pour se dire plus du bonheur de cet amour initiatique. Je crois que les mots de l’amour font vivre les histoires, les font grandir toujours. Je ne me priverai jamais du bonheur de les dire.

L’adultère

L’« adultère » de Paulo Coelho. J’achète le livre dans la gare de Morlaix. J’imagine en venir à bout en quelques heures de TGV, mais mon projet de lecture est finalement contrarié. Je le referme quelques jours plus tard au beau milieu des alpes, face à la montagne.
Au bout de quelques pages, j’aurais vraiment aimé que l’auteur soit une femme. J’ai l’impression que ce voyage avec celle qui va s’interroger sur le sens de sa vie durant trois cents pages, n’en aurait été que plus émouvant de vérité. Même si la suspicion d’intrusion de quelques fantasmes masculins dans la psychologie de cette héroïne rode parfois, rien n’altère la profondeur du questionnement sur sa recherche du bonheur, le sens de la transgression et la valeur de l’amour.
C’est finalement un voyage universel dans un moment de vie, que l’enchainement des chapitres raconte avec talent comme un diaporama. Cette conquête du sens que l’amour donne à la vie est-il le seul moyen de nous protéger de notre dépression ? Chacun construira ses propres réponses en fonction de sa propre histoire. Pour ma part j’ai aimé lire que le mal n’est que dans nos peurs et que regretter fait probablement plus souffrir que l’éventuelle culpabilité de faire. C’était encore un bel hommage à l’amour.

Entre mes mains le bonheur se faufile

Un roman : lieu d’imaginaire où il est si bon de se laisser emporter à la moindre vraisemblance des situations, des personnages et de leurs sentiments. J’ai lu « Les gens heureux lisent et boivent du café » de Agnès Martin-Lugand. On m’offre « Entre mes mains le bonheur se faufile ».
Quelques séances de lecture face à la mer du Finistère nord, me feront traverser cette histoire avec plaisir. Je suis bon lecteur comme on est bon publique. J’avais envie je crois, de lire une histoire d’amour, une belle histoire d’amour. Je ne suis pas déçu. La palette des sentiments qui s’y développent est large. Elle sert une belle représentation de la voluptueuse sensualité de la femme, dont la nudité n’apparait qu’au travers des tenues qui l’habille. Le désir pathologique d’un amour possessif, cohabite harmonieusement avec un rituel amoureux beau autant que banal, dans un contexte qui ne l’est pour le moins pas.
Faut-il croire que les belles histoires d’amour n’existent que comme une guérison des profondes blessures de ceux qui les partagent ? Si c’est la conclusion, j’assume cette maladie pour le bonheur intense de sa guérison. Celle qui nous rend la vie, celle qui nous rend tellement plus vivant.

Le secret

On m’a offert des livres. J’en mets plusieurs dans ma valise. Je garde sur moi celui dont l’épaisseur me parait compatible avec un voyage en train jusqu’à Morlaix. C’est « Un Secret » de Philippe Grimbert. Je ne connaissais ni le livre ni le film.
Au bout de quelques pages, j’anticipe déjà l’émotion dans laquelle me laissera cette histoire dans la grande histoire de la shoah. L’horreur hante ce récit à fleur de peau que l’écriture pourtant pudique, participe finalement à rendre encore plus dramatique.
Au fond l’auteur cherche tout ce qui dans ce drame, aura donné du sens aux vies des protagonistes de cette bouleversante histoire. Comme lui, j’essaie de ne retenir que la force de l’histoire d’amour. C’est une histoire d’amour que l’évidence rendrait belle si elle ne nous interrogeait pas aussi profondément sur ses conséquences sur ceux qu’elle écarte.
A chacun son propre questionnement, mais j’ai l’impression que le narrateur de cette histoire de la diaspora ashkénaze Roumaine a tranché et qu’il a choisi l’amour.

Une autre idée du bonheur

Je repose « Une autre idée du bonheur » de Marc Levy, les yeux embrumés par le brouillard du Wisconsin où s’achève le roman. Je referme en effet le livre à l’apogée de l’émotion que l’auteur a pris soin de construire durant quatre cents pages.
J’avais attrapé ce livre à l’aéroport, dans l’anticipation d’un retard d’avion. Au fond n’est-ce pas la vocation de ces ouvrages de tête de gondole, que de fabriquer de l’émotion ? Pourtant, une fois dépassé ce sentiment primaire, c’est aussi une lecture qui nous rappelle ce qu’était le monde des années soixante et en particulier les Etats Unis d’Amérique.
Elle raconte la vraie horreur du racisme ordinaire vis-à-vis d’Afro-Américains qui eux, ne cherchaient pourtant qu’à s’intégrer. Elle dit aussi ce qu’était l’engagement d’une jeunesse idéaliste, qui n’avait pas peur de mourir pour de belles idées, fussent elles utopiques face aux lobbies de l’industrie militaire ! Qu’est devenu le courage politique de la jeunesse Américaine, face aux choix de la famille Bush, ou aux écoutes improbables de la NSA ?
Peut-être nos enfants, liront ils à leur tour dans quelques dizaines d’années, des romans qui leur raconteront comment, cette grande démocratie mégalomane n’a finalement pas résisté au reste d’un monde qu’elle n’a pas su comprendre.

Les perroquets de la place Arezzo

« Les perroquets de la place d’Arezzo » d’Eric Emmanuel Schmitt. Une amie me l’offre pour mon anniversaire. Le livre m’attend quelques mois dans ma bibliothèque, jusqu’aux longs weekends de ce mois de mai.
Au bout de quelques dizaines de pages, je comprends que les sept cents prochaines ne serviront pas à dénouer l’hypothèse d’une énigme fondée sur l’envoi de lettres anonymes. En fait c’est un livre d’amour, d’histoires d’amour des différents amours. Dans un décor de vie ordinaire, elles en disent toute la complexité. Un ensemble de tableaux du genre humain se dessinent sous nos yeux d’où se dégagent des sentiments forts, toujours sincères, parfois complexes.
Comme souvent, l’universalité de ces sentiments nous renvoie à notre propre histoire. Serions nous capables de vivre sans cette quête permanente? Pour l’ensemble des personnages, chacun dans son propre parcours, la réponse est sans ambiguïté.

Parce que je t’aime

Quand on est pressé, deux critères nous guident dans le choix d’un bouquin : le titre et les premières lignes de la quatrième de couverture. C’est ce que me rappelait mon copain Bruno dans une conversation pourtant professionnelle.
J’avoue, « Parce que je t’aime » de Guillaume Musso, je l’ai choisi pour le titre.
Percer le mystère de l’amour voilà la promesse que cela m’a inspiré pour cette prise de décision rapide. Quelques dizaines de pages plus loin, ce n’est finalement pas celle du livre. C’est une histoire écrite pour le cinéma. Elle est envahie de culture américaine pour cet auteur pourtant bien Français. Une forme de distance s’installe rapidement. Au dénouement de cet énigmatique récit aux références d’outre atlantique, je cherche un sens qui dépasse la technique de construction du suspense.
Au fond  de moi je suis heureux de découvrir qu’il existe une cicatrisation des âmes, même pour les pires blessures des principaux protagonistes. Ce n’est pas ce que j’attendais, mais cette conclusion me plait.

Les gens heureux lisent et boivent du café

Je referme « les gens heureux lisent et boivent du café » de Agnès Martin-Lugand en fin d’après-midi.
Valérie le lira jusqu’au début de la nuit. Nous en parlons au petit déjeuner. C’est un livre féminin. Nous aimons l’amplitude des sentiments de cette femme bouleversée. La rencontre de deux âmes profondes, qui transcende la posture des humains blessés qu’elles habitent. Une vraie émotion s’en dégage. Ce pourrait être une sublime histoire de vie ordinaire. Pourtant on a du mal à y croire. Toutes les contraintes qui font l’ordinaire, ont été gommées de ce récit qui empeste le tabac froid de la première à la dernière page.
Dommage. Une certitude à la fin : j’irais en Irlande.

La première chose que l’on regarde

J’avais aimé « la liste de mes envies ». Je lis « la première chose que l’on regarde » de Grégoire Delacourt, avec ce désir de retrouver cette ambiance de quotidien sublime.
Cette fois le fantasme est masculin. C’est celui de la femme fatale qui frappe à la porte. Je connais peu le cinéma américain. L’actrice qui matérialise la beauté de l’héroïne m’est inconnue. Elle devient donc mon propre fantasme amoureux pour ce voyage sentimental.
Sommes nous amoureux de l’autre, de son image, de celle qu’il se donne ? De la première à la dernière page, cette question habite le récit. La conviction de l’auteur s’impose finalement comme une vérité fatale.
Je crois aussi à l’absolue impudeur de l’amour dans le rituel de la lente découverte de l’autre. C’était une belle lecture, comme les histoires d’amour sont belles, même quand elles révèlent les tragédies des blessures qui les animent.

Les autos tamponneuses

Je suis à mi-parcours de la lecture d’un ‘gros livre’. Je partage avec un ami mon sentiment confus d’impatience et de lassitude. Il me conseille de faire une pause et d’intercaler une lecture ‘rapide’ pour me redonner du courage. Ce sera donc « Les autos tamponneuses » de Stéphane Hoffmann.
Je viens facilement à bout des 200 pages. Je referme le livre. La fin de ce récit qui me semblait jusqu’alors banal m’interpelle. Pierre est riche de plusieurs vies. Comme beaucoup il imagine qu’il les vivra les unes après les autres celle d’après méprisant les valeurs de celle d’avant. Comme dans une renaissance permanente. Il s’est trompé. La difficulté de la vie c’est la coexistence des histoires. Comment faire pour toutes les vivre? Comment éviter que la réussite de l’une ne signe l’échec des autres?
Pierre s’est trompé, il croyait à sa vie d’après, à sa vertu réparatrice. Comme toujours, ce que l’on fera ‘après’ est simplement ce qu’on n’a pas fait ‘pendant’. Vive la vie et la richesse de ses histoires.