Le souper

Le SouperJ’avais adoré La Conversation. Celle-ci en est une autre, cette fois entre Fouché et Talleyrand quelques années plus tard. Sous les grondements du peuple de Paris affamé autant que révolté, ces deux ennemis politiques que tout oppose, s’accordent pourtant à l’occasion de ce souper, sur leur intérêt personnel commun au retour de Louis XVIII.  La salle applaudie, elle rappelle. Pourtant ce soir ces deux énormes acteurs sont médiocres. Le texte est inaudible, parfois hésitant, comme rendu plus difficile par la lenteur de la mise en scène. J’ai pourtant applaudi aussi. J’ai applaudi le portrait sans concession de ces deux hommes politiques cyniques, manipulateurs jusqu’à la perversion. Il nous rappelle qu’au fond, l’Histoire n’est souvent faite de que de petites histoires d’hommes de pouvoir, ordinairement modelés par leurs traumatismes infantiles. Combien de ces conversations ordinaires existent aujourd’hui dans l’antichambre d’un pouvoir toujours aussi loin du peuple, dont il prétend pourtant avec la même arrogance, faire le bonheur?