Résiste

ResisteCe n’est pas un acte militant et les événements Parisiens n’avaient pas altéré mon désir de voir ce spectacle; mais la salle n’est pas remplie. C’était hier nous sommes au palais des sports. Nous assistons à « Résiste » la comédie musicale qui revisite au travers d’un conte sans saveur, une partie du répertoire écrit par Michel Berger pour France Gall.
D’abord je suis immédiatement happé par la qualité de l’écriture et celle des arrangements de Michel Berger, merveilleusement interprétés par des musiciens de talent. Le mix est parfait et la salle debout, ondule au rythme de la pulsation bien binaire de la plupart des morceaux.
Le décor est magnifique et intelligent. Intelligent par la modernité des partis-pris du décorateur pour restituer les différentes ambiances de cette boite de nuit. Enfin si innover c’est faire les choses autrement pour produire une valeur nouvelle, alors la chorégraphie est innovante, autant dans la technicité des tableaux qui passent du premier au deuxième plan, sans presque ne jamais s’interrompre, que dans l’hétérogénéité du casting des danseurs. C’était un très joli moment du répertoire de la chanson et du talent Français.

La dame blanche

La-dame-blancheDans un monde que l’aversion aux risques a totalement aseptisé, c’est un immense bonheur de vivre une pièce de théâtre où le producteur et le metteur en scène ont osé ensemble sortir du cadre. « La Dame Blanche », c’est une histoire légendaire des quatre coins de la France, où une femme victime d’un accident de voiture réapparait en blanc au même endroit, tantôt pour menacer, punir ou mettre en garde les automobilistes imprudents. Dans la version qui nous est racontée, la morale et la générosité l’emporteront finalement au fil d’une interprétation irréprochable d’acteurs dont le talent n’est plus à valider. Mais ce soir-là, comme pour l’ensemble des convives, nous ne sommes pas seulement spectateurs. La mise en scène efface le trait qui sépare la salle de la scène, le public des acteurs. La lumière s’allume sur nous quand la police nous fouille pour chercher de la drogue. Dans l’obscurité, nous devenons les arbres d’une forêt qu’une lampe torche éclaire aléatoirement à la recherche d’un fuyard…
L’esprit de la « comedia del arte » fait merveilleusement vivre la pièce et vibrer le public. Si osez c’est ne pas avoir peur de se tromper, alors j’espère qu’ils oseront de nouveau car cette pièce est vraiment une réussite.

Le souper

Le SouperJ’avais adoré La Conversation. Celle-ci en est une autre, cette fois entre Fouché et Talleyrand quelques années plus tard. Sous les grondements du peuple de Paris affamé autant que révolté, ces deux ennemis politiques que tout oppose, s’accordent pourtant à l’occasion de ce souper, sur leur intérêt personnel commun au retour de Louis XVIII.  La salle applaudie, elle rappelle. Pourtant ce soir ces deux énormes acteurs sont médiocres. Le texte est inaudible, parfois hésitant, comme rendu plus difficile par la lenteur de la mise en scène. J’ai pourtant applaudi aussi. J’ai applaudi le portrait sans concession de ces deux hommes politiques cyniques, manipulateurs jusqu’à la perversion. Il nous rappelle qu’au fond, l’Histoire n’est souvent faite de que de petites histoires d’hommes de pouvoir, ordinairement modelés par leurs traumatismes infantiles. Combien de ces conversations ordinaires existent aujourd’hui dans l’antichambre d’un pouvoir toujours aussi loin du peuple, dont il prétend pourtant avec la même arrogance, faire le bonheur?

La vénus à la fourrure

La Vénus à la Fourrure

Théâtre, « La Vénus à la Fourrure ». Adaptation Française d’une pièce Américaine à la gloire d’Aphrodite et du mythe universel de l’amour et de la sexualité. De nouveau la magie du théâtre opère à la faveur du remarquable talent des acteurs. Une femme, un homme, un décor minimaliste et je suis emporté dans un imaginaire entre mythologie, érotisme du marquis et sociologie contemporaine des rapports amoureux. De cette mise en scène qui dilue le temps, émergent pourtant les questions récurrentes sur le sens de l’amour. Dans cette recherche intemporelle du plaisir, la souffrance du dominé s’invite en permanence comme une forme de sublime et d’au-delà amoureux. Le plaisir de l’amour peut-il être aussi fort que celui que nourrie la souffrance ? Chacun trouvera sa propre réponse. En tout cas la pièce sert magnifiquement cette question…

 

La contrebasse

La contrebasseLa contrebasse. Souvenir inoubliable d’un parcours initiatique au théâtre il y a plus de vingt ans. Il m’offre l’accès à la proximité de personnages que le cinéma avait pourtant iconisé. En l’occurrence Jacques Villeret. Même après toutes ces années, j’ai toujours le souvenir de cet immense acteur, et du ressenti de sa propre dépression au service du cynisme du texte et de ce rôle. Il y a quelques semaines, en moins de dix minutes, le talent de Clovis Cornilliac me détourne de toute tentative de comparaison. Je me concentre sur le sens de la pièce que son jeu transcende. Le scénario se déroule. Irrémédiablement, le sacré devient dramatiquement ordinaire, sous la contrainte des difficultés du genre humain. La pièce dépasse son propre contexte. Au-delà de la déprime d’un musicien d’orchestre de grande musique, elle remet en cause la valeur de grandeur que nous donnons a priori aux choses. Je m’interroge. Si les choses n’ont finalement que la valeur que nous leur donnons, alors j’aime croire en notre capacité à faire naître le sublime de l’ordinaire, plutôt que de faire de l’ordinaire l’endroit de la perte du beau et du sacré. J’ai de nouveau adoré cette pièce. J’aime le théâtre.

 

Emotions

Louis BertignacC’était un vrai beau moment d’émotion. Vendredi soir, Paris au Bus. Concert privé de Louis Bertignac. Je suis invité par mon copain Bruno. Bertignac, Aubert, Téléphone, c’est mes premiers concerts. Les premiers morceaux joués dans des groupes de musique à la sortie de l’adolescence. Vendredi soir j’avais dix-huit ans, comme beaucoup d’ailleurs des trois cents personnes présentes. Comme si on avait retrouvé un amour de jeunesse qui aurait superbement vieilli. C’était au fond le sens de ce concert : dire que l’amour résiste aux corps qui vieillissent. Et même à ceux qui vieillissent plus vite que les autres. Ce concert c’est le cadeau offert par une association de copains : Zumarika, à l’un des leurs atteint d’un stade avancé de la maladie de Charcot. C’était une vraie leçon d’amitié, un super moment de fraternité. Merci.

La conversation

La conversationQuel bonheur de vivre dans un pays marqué par son Histoire, nous rappelle Jean D’Ormesson en 80 minutes de théâtre. Quoi de plus ordinaire qu’une conversation entre deux hommes ? Mais quelle extraordinaire conversation que celle qui, entre Bonaparte et Cambacérès, témoigne de la grandeur d’un homme et met en lumière l’alchimie du talent et de la mégalomanie. Deux siècles plus tard, en observant le nombre croissant de dicteurs et d’autocrates ordinaires, je me demande si ce ne serait pas seulement du talent dont nous auraient protégé nos démocraties modernes et l’entreprise des communicants. Le culte de la personne n’a cessé de se développer, mais au service de quelle vision du monde? Entre la dangerosité du génie et la médiocrité de la télé réalité mondiale, je crois que j’ai choisi mon risque. C’est celui du progrès.

Diderot

La-religieuseJ’avais loué ici il y a quelques mois, le plaisir du théâtre de boulevard dans un genre renouvelé. Quel bonheur aujourd’hui que celui de l’autre genre en ce mois Diderot. Il y a deux semaines, au théâtre du Ranelagh j’assiste à  La religieuse. Le texte du dix-huitième siècle nous rappelle ce que peut être la beauté de la langue française. Le jeu des acteurs la transcende, la pièce est bouleversante. Elle dit à quel point la religion peut être instrumentalisée pour priver, en particulier les femmes, de leur liberté. Il y a moins de trois cents ans, c’était en France. Cette liberté gagnée, il ne faut jamais y renoncer et la protéger comme un trésor. C’est la conviction qui m’envahissait à la fin de ce grand moment d’émotion.

Souvenir

http://youtu.be/_ci4kkZ6KcY

Dans les années 70, nous passions nos vacances en famille sur la côte atlantique. C’était l’une de ces stations balnéaires au front de mer déjà largement bétonné. Sans doute la rentabilité de ces mauvais programmes immobiliers permettait-elle à leur promoteur principal, de nourrir sa passion du cyclisme, puisqu’il était devenu un important sponsor du tour de France. En contre parti, celui-ci passait au pied des immeubles, dont celui où nous résidions. J’avais une dizaine d’années, mon père m’emmenait. Quarante ans plus tard, je suis le papa. Le tour de France passe à vingt mètre de la maison. Nous sommes à Versailles, nous emmenons les trois garçons. J’entends monter le bruit de la foule. Il couvre presque celui si particulier de roulement du peloton. Je vois briller les vélos parfaitement neufs sous le soleil d’été. J’aperçois des sourires, j’ai l’impression que les coureurs sont heureux d’être regardés. Il s’est passé moins d’une minute. C’est terminé. Je suis envahi par un sentiment de dérisoire. C’est le même qu’il y a quarante ans ! Il est partagé. Le tour de France, c’est certainement une ambiance de rue particulière, mais c’est surtout un vrai spectacle de télévision.

La Tête à TOTO

http://youtu.be/JP7aLOHtKdk

Une minute de vidéo, c’est peu pour résumer deux heures trente de concert. C’est hier soir au Zénit, le concert de TOTO. Evidement j’y suis. Je suis un inconditionnel depuis 25 ans (comme une grande partie du public d’ailleurs). C’est pour moi un des groupes au top de la pop music. Tout y est : la qualité de l’écriture, des arrangements des musiciens des chanteurs, jusqu’aux tableaux de lumière parfaitement réglés. C’était un pur plaisir et comme toujours pour les concerts, décuplé par la présence de ceux qui vous accompagnent. C’était le premier concert pour mon filleul, 14 ans, ça se fêtent ! Bon anniversaire Louis.